BAO VUONG: The crossing

3 Décembre 2020 - 9 Janvier 2021

A2Z Art Gallery est fière et heureuse de présenter The Crossing, la première exposition personnelle de Bao Vuong à la galerie.

« Toute ma famille a survécu. Nous ne savions pas comment nous pourrions survivre au voyage en mer. J’avais seulement un an. »

Comme des centaines de milliers d’autres Vietnamiens contraints de fuir un pays divisé et ravagé par la guerre, Bao Vuong et sa famille plongent vers l’inconnu. Embarquant depuis les rives du Mékong pour traverser la mer, nombre de familles échouent dans les camps de réfugiés insalubres de Malaisie, puis aux Philippines, pour finalement être accueillies en France en tant que réfugiés politiques, en tant que « boat-people ».

Après l’obtention de son Master en Arts Plastiques aux Beaux-Arts de Toulon, Bao Vuong décide de retourner au Vietnam, en 2013, bien des années après avoir traversé les océans. Pour extirper le souvenir des blessures oubliées de son passé lointain, la série picturale « The Crossing » prend vie dans le pays qui l’a vu naître.

Après 25 années d’exil, Bao Vuong n’a pas de souvenirs concrets du temps passé en mer ou dans les camps. Cependant, le traumatisme collectif gît en lui, tenace. Les embarcations voguent au gré des vents et des marées. Les « sans repères » se heurtent à l’obscurité, à leurs émotions, aux incertitudes. Avivant l’angoisse d’une mort imminente, la nuit exacerbe le désarroi de ceux qui viennent de tout perdre.

Aujourd’hui, l’artiste déverse cette mémoire émotionnelle dans des monochromes noirs en appliquant de grandes masses de peinture au couteau. À la différence des Outrenoirs de Pierre Soulages, laissant deviner une peinture noire sans parole, libérée de toute figuration et de toute représentation, les reflets de lumière sur les vagues, sur les cieux et sur les rivages animent pour Bao Vuong l’instinct de survie des naufragés.

Oscillant entre abstraction et figuration, « The Crossing » permet à chacun d’observer, de vivre et de s’approprier une expérience de contemplation de la « lumière du noir ». Entre présence et absence, entre douceur et rugosité, l’imaginaire et l’interprétation s’entrecroisent, nous laissant face à nous-même, à notre propre histoire. Au loin, surgit l’espoir d’un avenir meilleur.