AUNG KO: DIARY

12 Mai - 4 Juin 2022

Après les évènements politiques de 1988 en Birmanie, malgré l’espoir soulevé par l’action d’Aung San Suu Kyi, figure féminine de l'opposition non violente et militante pour la démocratie, et après un an après le putsch du général Min Aung Hlaing le 1er février 2021, le Myanmar reste encore aujourd’hui plongé dans un contexte de guerre civile. Face à l’escalade des violences physiques et morales et confrontés à un avenir plus qu’incertain, le couple d’artistes contemporains Aung Ko et Nge Lay fuient le pays en août 2021 avec leur fille laissant tout derrière eux.

Après avoir été bâillonnés et séquestrés sous le joug de la junte militaire comme des milliers d’autres personnes, le couple sort le 6 février 2021 dans les rues pour affronter le pouvoir militaire et souffler des vents de liberté. Entourés d'étudiants et d’intellectuels, leurs mains se délient, se soulèvent dans l’air et hissent haut le symbole de la protestation révolutionnaire (le pouce collé à l’auriculaire et les trois autres doigts bien droits).

Durant tout le mois de février 2021, Aung Ko et Nge Lay continuent de prendre part à la révolution birmane. Ils enregistrent leurs sorties matinales par le biais de la photographie documentaire et gravent dans la rue les signes et messages de protestation à l’encontre du pouvoir militaire. Le soir tombant, à la maison, Aung Ko tient un journal intime et y inscrit quotidiennement ses expériences et ses visions. Malheureusement, en vivant dans l’ombre et pour ne pas laisser de traces pouvant nuire à la famille, le journal a dû être détruit de ses mains. C'est sur cette base intime qu'Aung Ko présente « Diary », une installation exposant ses dessins, ses peintures, ses textes et divers objetsqui documentent son expérience de la révolte et son combat pour la liberté.

En dialogue, Nge Lay présente « Printemps 21 », un projet dévoilant une installation de tissus blancs sur lesquels ont été imprimées suivant les couleurs du Myanmar (rouge, vert, jaune et blanc) des photographies politiques prises par l’artiste durant la révolution. Le choix des couleurs entre également en résonance avec les plumes des perruches à collier que l'artiste découvre dès son arrivée à Paris. En apprenant que l’oiseau tire ses origines depuis l’Asie et l’Afrique et qu’il s’est acclimaté à l’Europe de l’Ouest, Nge Lay voit en cet être vivant cherchant à survivre comme eux un symbole de liberté, de paix et d’intégration.

Témoigner de l’horreur des viols, des meurtres, des incendies, des blasphèmes... ; Tenter de mettre en lumière la Vérité sur le contexte actuel de la guerre ; Rendre hommage aux innombrables victimes innocentes ; Sensibiliser les générations actuelles et futures sur les questions de Mémoire, de Culture, de Vie et de Mort, telles ont été les missions menées ces derniers mois en France par Aung Ko et Nge Lay, deux artistes engagés cherchant à y reconstruire leur vie.