Cicatrices du silence: Exposition duo de Han Jihee & Kelly Wang

3 Juillet - 10 Août 2025
Certaines œuvres ne se contentent pas d’être regardées : elles se vivent, se ressentent, se murmurent.
 
Dans ce duo poétique, la galerie A2Z réunit Jihee Han et Kelly Wang, deux artistes dont le langage plastique puise sa force dans les formes mouvantes de la nature — la mer, les nuages, le souffle, la lumière — mais aussi dans ce qu’elles laissent en nous : une trace, une mémoire, une émotion suspendue.

Chez Jihee Han, le paysage est moins une représentation qu’un rythme.
Ses toiles se déploient comme des partitions visuelles, où chaque geste de pinceau devient une vibration — tantôt vague, tantôt vent, tantôt silence.

S’inscrivant dans l’héritage de la peinture orientale et de l’esprit shanshui, elle privilégie la fluidité, la transparence, l’épure. Elle peint sans esquisse, portée par un souffle intérieur, comme on suit le flux d’un souvenir.

Ses bleus profonds rappellent la mer au petit matin, ses formes évoquent des pierres, des branches, des signes oubliés — fragments d’un monde à la fois réel et rêvé.

Kelly Wang, elle, assemble et déconstruit.

Ses œuvres naissent d’un va-et-vient entre matière et mémoire : papiers de mûrier, pigments minéraux, résine, métal, bois flotté… Chaque matériau est convoqué non pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il devient — trace, cicatrice, écho du passé.

Son geste rappelle celui des peintres lettrés, pour qui chaque trait est porteur d’une pensée, mais ici, la calligraphie est inversée, déconstruite, réinventée.

Elle compose des paysages suspendus entre deux temps, où l’on devine les reflets d’une culture diasporique recomposée. Le vide y est aussi important que la matière, comme dans les rouleaux anciens, où l’invisible est un espace à méditer.

L’exposition devient alors un espace de résonance, un lieu de rencontre entre deux écritures sensibles.

Là où Jihee Han laisse glisser la lumière sur la surface de la toile, Kelly Wang fait vibrer les profondeurs du support.
Là où l’une convoque les montagnes silencieuses des rouleaux coréens ou chinois, l’autre y répond par des paysages de cendres et d’empreintes, où le papier se fait porcelaine, et l’encre mémoire.
Deux gestes, deux silences, deux souffles.

Et au cœur de ce dialogue : l’art comme un lent mouvement, un pont tendu entre l’éphémère et l’éternel — entre l’encre et la lumière, entre le geste ancien et sa réinvention.