GAËL DAVRINCHE, EMERIC CHANTIER: État second

12 Décembre 2015 - 16 Janvier 2016

L’État second est un état transitoire marqué par un rétrécissement du champ de conscience. C’est cet état où la conscience laisse place aux sens, ressentir les choses prenant alors le dessus sur l’idée de les analyser.

De tout temps, les artistes en quête d’accès à la création, de stimulations, de route vers des imaginaires transmissibles ont cherché cet état notamment par un retour sur soi, un recours aux rêves ou même, pour certains, par la prise de produits psychotropes.

Aujourd’hui, les cinq artistes de la galerie présentés pour cette nouvelle exposition vont tous plonger le spectateur dans cet état second.

Chez Jin Bo, cet état se retranscrit au travers d’une technique propre à l’artiste « lorsque je peins, je chercher un ailleurs ». Le flou du mouvement et la grande précision dans la réalisation de certains détails embarque le spectateur dans les tréfonds de l’être.

Pour Hom Nguyen la virulence, la rapidité des traits, une exécution telle une sorte d’écriture automatique avec cet entremêlement de lignes, produisent sur le spectateur qui s’y perdrait un effet quasi hypnotique. Cette nouvelle série d’autoportraits apparait ainsi telle une invitation à la méditation.

Les œuvres de Gaël Davrinche nous proposent des interprétations de différents reflets d’une âme, une âme qui a besoin de s’exprimer, de se montrer. Entre rêve et cauchemar, l’état de chacun au moment de la confrontation le guidera vers un monde juste à peine palpable, juste à peine concevable mais extrêmement puissant.

Les œuvres de Kent Williams, sorte de vanités modernes, associent beauté et jeunesse des corps à des ossements humains. Ici aussi, rêve et cauchemar ne font plus qu’un. Le balancement entre abstraction et réalisme est incontestable. Les figures elles-mêmes, dans ce paysage abstrait, semblent flottées, fantomatiques, dans les méandres de notre subconscient ou dans celui de l’artiste.

Enfin, Émeric Chantier par ses sculptures mêlant matériaux industriels et éléments naturels invite le spectateur à une réflexion, voire même une prise de conscience, sur le rapport entre l’homme et la nature. En outre, l’artiste définit ses œuvres comme des « narrations poétiques » et, comme le disait le philosophe français Edgar Morin, le but de la poésie n’est-il pas de nous mettre dans un état second ou plutôt que cet état second devienne premier ?